Recommandations de lecture : ma rentrée littéraire !

En marge de la rentrée littéraire, j'avais envie de partager avec vous quelques coups de coeur. Vous me connaissez, j'aime bien prendre les chemins de traverse et je pense que les articles vous chantant les louanges des oeuvres sélectionnées pour les prochains prix ne manqueront pas.

Je vais donc vous présenter ma sélection personnelle plus originale, dernières lectures qui, si elles ne figureront (peut-être) pas dans la sélection du Goncourt ou du Nobel, valent tout de même que l'on s'y attarde ! D'ailleurs au moins un intrus se glissera dans cet article, je vous laisse le(s) retrouver. 

Dernières recommandations de lecture

Dans mon article « lire les livres des autres quand on est  romancière ", je vous parlais de mon site préféré pour lire en ligne des livres gratuitement et partager les écrits d’auteurs (pas encore) célèbres : monbestseller.com.

Mais j'ai encore découvert une nouvelle plate-forme avec la lecture de cet ouvrage un peu particulier dont j'ai choisi de vous parler tout de suite.

Titre : la Coupée (2 tomes)

Où le lire : https://www.edition999.info/_Agar-DORSET_.html

L'auteur : Agar DORSET

L’auteur avait 21 ans en 1968. Il était étudiant à Paris et militant dans un comité de soutien au peuple vietnamien. Il a vécu les événements décrits, avec exactitude, dans ce roman. Ensuite, il est devenu enseignant et chercheur en sciences politiques, mais il n’a pas oublié. Dans ce livre, il rend aussi hommage aux millions de jeunes qui ont fait ce mouvement et, plus particulièrement, à l’atelier d’affiches de l’ex-Ecole des Beaux-Arts dont les premières règles étaient la gratuité et l’anonymat qu’il entend respecter.

Les intentions de l’auteur :

- rétablir quelques événements "oubliés" à propos de 68 et rendre justice à ceux qui l'ont fait (sans cacher qu'ils ont été dépassés par les événements)

- rappeler que les grandes questions auxquelles le monde est confronté aujourd'hui ont été posées dans les années 1960.

La 4è de couverture : Le 10 mai 1968, sur les barricades du quartier latin, une lycéenne d’origine bourgeoise rencontre un jeune ouvrier de chez Citroën. Ils vivent ensemble les manifestations, les affrontements avec la police, les occupations des facultés et des usines (…) Puis viennent la répression du mouvement et le retour à l’ordre social que le soulèvement de la jeunesse avait fait vaciller pendant quelques jours.

Leur couple résistera-t-il ?

Mon avis : 

Une œuvre remarquable qui nous plonge au coeur des évènements de mai 1968. La romance entre deux jeunes de milieu opposés fournit une excellente toile de fond au contexte de l'époque et permet d'apprendre par exemple :

- Comment les résultats des élections sont légalement « orientées » ;

- Comment on manipule et sape un mouvement de grève avec l'aide des syndicats majoritaires ;

- Comment les politiques d'hier ont préparé le terrain dans lequel nous nous embourbons aujourd'hui ;

- Comment le monde paysan a été réduit à peau de chagrin et en esclavage par la PAC ;

- Comment les pesticides et la pollution industrielle est entrée dans nos alimentations et nos vies ;

- Comment l'enseignement supérieur est gouverné par et pour la classe politique pour fabriquer des élites et broyer les inutiles.

Nos amoureux croiseront dans les rues de Paris ou évoqueront au coeur des manifestations les chercheurs, politiques et meneurs de l’époque : De Gaulle, Pompidou, Krazuki, Cohn Bendit venu d’Allemagne pour jouer le meneur de la révolution étudiante en France...

C’est aussi l’époque de la pillule sous le manteau, de la persistance de la guillotine, d’oeuvres qui sont toujours d’actualité.

L’auteur met habilement en évidence le fossé entre les classes dirigeantes y compris les syndicats et la masse populaire enlisée dans la société de consommation, le rôle des syndicats majoritaires (FO, CGT, CFDT) auprès des patrons pour contenir les flux de la révolte et canaliser le mouvement mai 1968 né dans le prolongement de la commune. 

L'ouvrage est illustré par des affiches d'époque réalisées par les étudiants en beaux arts, très intéressantes et disponibles également sur ce site : https://argonnaute.parisnanterre.fr/ 

Quelques extraits :

"Les anciens paysans sont devenus des rouages de l'agro-industrie. (...) Le nombre des agriculteurs continue à se réduire rapidement.  La plupart des enfants de paysans ont pris le chemin de l'usine. Les autres sont contraints d'agrandir et de moderniser leurs exploitations à marche forcée.(...) Cette industrialisation aconduit à la disparition d'une civilisation paysanne millénaire qui est morte sous nos yeux en 

quelques années, (...) grâce aux leaders des paysans qui ont tous réclamé cette modernisation et se taisent sur les conséquences de peur de perdre leurs sièges (...) qui sont plus nombreux que leur proportion dans la population. Naturellement, les 

gaullistes prétendent que leur politique vise à préserver le monde paysan alors que l'objectif est inverse. "

"les parlementaires ont simplement adopté un découpage électoral" qui favorise la politique qu'ils soutiennent.

"L'école désigne la future élite qui dirigera l'administration et les grandes entreprises. Pour les jeunes gens sans qualité, le système éducatif a aussi pour fonction de leur faire accepter la place subalterne que leur réserve la société. Ce système ressemble à un gigantesque centre de 

tri où, pour trouver la pépite, il faut produire des tonnes de déchets. Hélas ces déchets sont des êtres humains. Pour cela, on a mis en place un formidable système de notation, d'examens, de concours qui occupent une bonne partie du temps de l'enseignant et auquel il lui est impossible de se dérober. (...)

une société -qui met en  concurrence les individus dès la petite enfance et fait porter les stigmates de l'échec à la 

grande majorité des gens pour toute leur vie - est une société violente, malheureuse et aliénée".

Mes autres recommandations de lecture ce mois-ci

Sylvie Grignon : Jade

Mon avis : bluffée ! une enquête complexe qui nous réserve bien des surprises ! Les polars de Sylvie Grignon sont toujours plein de rebondissements ! Ce dernier opus n'échappe pas à la règle. 

Sylvie s’est mise à la peinture depuis quelques années et personnellement j’adore ce qu’elle fait, peut-être encore plus que ce qu’elle écrit ! Allez voir son profil, vous verrez, c’est magnifique. D’ailleurs elle expose régulièrement et ses oeuvres trouvent souvent acquéreur !

Alice Quinn et Sandra Nelson : le chat du rocher. tome 3 (Fatale Mona Lisa)

Mon avis : un troisième épisode du chat du rocher très réussi et incontournable pour les amateurs de cosy mystère, je crois même que c'est celui que j'ai préféré ! 

Frédérique Hoy : L’homme qui cherchait la pluie.

Mon avis : dès les premières phrases, les premières pages, on retrouve l'écriture qui m'avait emportée dans « Devine qui est mort". On prend autant de plaisir à savourer l'habileté des mots que les situations et personnages. Le mystère est profondément enfoui au creux du gouffre des cœurs et émergera pour nous délivrer du suspense presque insoutenable qui nous pousse à poursuivre l'histoire, totalement immergés par un appel à tous nos sens. Beaucoup d'humanité et d'originalité pour ce roman merveilleusement abouti.

Un petit rappel

Comme je vous le racontais dans cet article : faut-il participer aux concours,

je participe tous les ans au concours des plumes francophones. Cette année ma modeste contribution se résumait à ce guide pratique humoristique.

N'hésitez pas à vous le procurer, les premiers retours sont excellents !

Je vous remets les détails au cas où vous ne l'auriez pas vu passer ! 🤗 https://www.laurencelabbelivres.com/post/nouveau-livre-%C3%A0-lire

En cours de lecture :

Chien blanc de Romain Gary : on retrouve ce dernier à New-York avec Jean Seberg. Il recueille un chien perdu adorable. Mais il va découvrir que ce chien a été conditionné par les forces de police, (non seulement lui mais aussi tous ses ancêtres), pour attaquer férocement tout ceux qui ne sont pas blancs. Evidemment la situation devient rapidement invivable. Jean et lui vont se battre pour essayer de sauver l’animal de cette empreinte génétique imposée à un être foncièrement bon. Vont-ils y arriver ?

Mon avis : Romain Gary arrive souvent à plaider la cause des hommes en la liant avec celle de la condition animale. Que ce soit dans "les racines du ciel" ou "chien blanc" ou "gros câlin"… il cherche ous les moyens possibles pour faire cohabiter les espèces et à les protéger, et se heurte souvent à des barrières solides et des questionnements insolubles. Ces espoirs pour une humanité impossible ont sans doute participé à leur destin tragique à lui et Jean Seberg. Quand on est lucide à ce point et que l’on se sent investi de la mission de sauver le monde ne serait-ce qu’un tout petit peu, l’existence peut devenir un poids difficile à porter.

Et quand on est en panne de lecture, rien de tel qu’un bon classique pour se remettre en selle. Pour ma part, Peter Handke, Bukoski, Gogol, Romain Gary et beaucoup d’autres, font partie des auteurs dans lesquels je peux piocher les yeux fermés. 

Mais qu’est-ce que je raconte, je ne suis pas en panne de lecture ? 😸

Mes lectures à venir :

Je n’échappe pas à la règle, je n’ai jamais assez de temps pour lire tous les livres qui me tentent. La liste est longue mais je pense qu’une de mes prochaines lectures sera :

Laure Gombeault : Nelly portrait d’une incandescente

Si j’en ai oublié dans mes recommandations de lecture ou que vous en avez vous-même à proposer, surtout n’hésitez pas à réagir en commentaire de cet article !

Voilà, j’espère que vous avez apprécié ma petite sélection pour le moins éclectique ! Je vous souhaite à tous une très belle rentrée mais n’hésitez pas à me faire un petit coucou entre deux (courses ou lectures) !

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